Intelligence émotionnelle : faire des émotions des alliées
Intelligence émotionnelle : émotions mode d’emploi
Reconnaître, comprendre et maîtriser nos propres émotions aide à composer avec les émotions des autres, à développer l’intelligence émotionnelle. C’est une compétence utile dans le cadre familial en tant que parent. Elle est aussi utile dans le cadre entrepreneurial en tant que manager ou assistante maternelle. Ainsi, nous faisons de nos émotions des alliées et n’en sommes plus « esclaves ».
Lorsque nous affrontons des situations d’urgence vitale, ou réalisons des tâches trop importantes, notre corps répond directement par nos émotions. Quand nous sommes dirigés par ces dernières, l’intelligence est inaccessible, les capacités d’analyse et de prise de décision absentes.
Il peut arriver à chacun(e) de perdre le contrôle, de réagir par la colère, par la dépression ou les regrets.
Des leviers d’actions existent afin d’apprendre à apprivoiser ce mécanisme automatique et à développer notre intelligence émotionnelle.
Les neuroscientifiques la définissent comme « la capacité à percevoir l’émotion, à l’intégrer pour faciliter et transformer la pensée, à comprendre les émotions et à la maîtriser afin de favoriser l’épanouissement personnel »
E-motions : le cerveau dans tous ses états
L’étymologie du mot « é-motion » signifie « mouvoir vers l’extérieur », et montre que les émotions nous incitent à agir.
Les différentes parties de notre cerveau permettant les émotions et l’analyse se sont progressivement développées au cours de l’histoire humaine. Le néocortex s’est construit à partir des aires émotionnelles avec lesquelles il partage de nombreux circuits. Il est donc facile de comprendre pourquoi il peut-être « soumis » aux émotions.
Près du système limbique se trouve une glande : l’amygdale (différente de celles de la gorge).
Elle peut déterminer nos actions avant que notre néocortex (pensée analytique) ait eu le temps de prendre une décision réfléchie.
A partir d’un stimulus extérieur capté par nos 5 sens le corps réagit spontanément et transmet l’information au cerveau.
Le thalamus est le premier à réaliser un traitement de l’information. Puis, il transmet au néocortex pour interprétation, qui lui décide de ce qu’il est bon de faire. Enfin, il fait suivre, si nécessaire à l’amygdale centre de contrôle des émotions.
En parallèle de ce circuit « long » existe un circuit « court ». Le thalamus transmet aussi l’information par voie directe à l’amygdale : elle reçoit donc les indicateurs avant que ceux-ci ne soient interprétés par le néocortex. Ce qui explique que parfois nous sommes en capacité de « faire pause » avant de réagir, et lorsque le stimulus est trop impactant pour notre système, la réponse se fait immédiate sans passer par « la case analyse ». Qui n’a jamais a posteriori regretté ses actes, ou prononcé des paroles ayant dépassé sa pensée ?
Ceci n’est pas une fatalité et il est possible d’apprendre à faire différemment en développant notre intelligence émotionnelle. Lorsque la complémentarité s’instaure entre les « différents acteurs » du cerveau, les émotions peuvent être maîtrisées et la capacité intellectuelle est améliorée.
Pour aller plus loin :
Nos émotions : pour quoi faire ?
Le rôle des émotions
Ce sont des indicateurs de nos états internes, qu’ils soient conscients ou inconscients.
Leurs fonctions essentielles sont informatives car elles nous donnent des indicateurs sur la situation vécue : comment je me sens, de quoi j’ai envie pour moi et dans mes interactions avec les autres ?
Elles sont également réactives : elles nous poussent à l’action en cas d’urgence, de stress. Ce sont les 3 réactions d’attaque, de fuite, ou de prostration (absence de réaction).
Par conséquent, toutes les émotions nous sont utiles, y compris celles que nous qualifions de négatives car leur ressenti nous est désagréable. Elles nous aident à nous adapter selon les circonstances à notre environnement.
Types d’émotions
Chaque émotion provoque en nous des réactions physiologiques qui nous permettent d’agir de manière appropriée, en voici quelques exemples non exhaustifs :
- la joie
- Active le centre cérébral qui inhibe les sentiments négatifs et apaise les zones cérébrales génératrices d’inquiétude.
- Elle permet d’aller vers, mouvement d’ouverture
- la colère
- Fait affluer le sang vers les mains pour permettre l’attaque du fait d’un danger immédiat perçu.
- Elle permet d’aller contre : se défendre, poser ses limites
- la tristesse
- Nous pousse à rester reclus, en sécurité.
- C’est un mouvement de retrait
- la peur
- Dirige le sang vers les muscles moteurs (pour fuir) et nous fait ainsi pâlir en privant notre visage d’afflux sanguin.
- C’est un mouvement d’arrêt ou de fuite, aller loin de
Fonctionnement
Nous ne sommes pas égaux face à nos émotions : chacun à une sensibilité qui lui est propre et réagit avec une intensité et une rapidité qui diffère de celle des autres.
Aussi, l’émotion à un cycle de vie, et n’est pas pérenne : elle a donc au niveau de notre organisme une naissance et une mort.
Lors du stimulus extérieur (capté via nos sens), l’émotion se charge dans notre organisme (son intensité augmente (ce qui crée une tension que l’on repère par les sensations corporelles : chaleur, contraction des muscles…), si nous en prenons conscience sans vouloir la bloquer, elle va poursuivre son cycle, pour se décharger progressivement et revenir à un état de détente.
Si nous interférons ou interrompons ce cycle, la tension va s’accumuler (ne trouvant pas d’issue), faisant de notre organisme une « cocotte-minute ».
Pour reprendre l’exemple de la colère, elle naît suite à une frustration, un échec, une violation. Il est important de décharger, extérioriser en allant crier seul(e) dehors, en tapant dans un coussin, ou de verbaliser si l’on s’en sent capable ce que l’on a à exprimer comme mécontentement. C’est tout le travail de développement de l’intelligence émotionnelle
Comment faire de nos émotions des alliées ?
Quand on développe notre capacité à accepter les émotions « négatives » (qui nous posent généralement plus problème que les « positives »), on s’aperçoit qu’elles passent plus vite car en réalité c’est la résistance que l’on oppose au ressenti de l’émotion qui est la plus difficile à éprouver. L’acceptation permet de laisser tomber les stratégies d’évitement, qui font perdurer le cycle de l’émotion.
Les bénéfices à reconnaître, comprendre et maîtriser nos émotions :
- Sur le plan personnel : gagner en conscience (capacité à comprendre nos émotions) et confiance en soi, s’affirmer davantage, faire des choix en phases avec nos aspirations
- Sur le plan interpersonnel : développer l’écoute, l’empathie et créer des liens plus authentiques dans nos relations personnelles et professionnelles
- De manière générale : nous devenons plus autonomes émotionnellement et nous pouvons développer la résilience (capacité à surmonter les épreuves) et l’optimisme
L’empathie, l’une des clefs de l’intelligence émotionnelle
L’empathie est la capacité à ressentir ce que les autres éprouvent, de se mettre à leur place. Ceux qui la ressentent le mieux sont ceux qui perçoivent le plus leurs propres émotions. L’empathie pousse donc à se soucier des autres, sans pour autant pleurer ou être en colère avec eux. En effet, si une personne est entrain de se noyer, je suis plus à même de l’aider en lui tendant la perche depuis le bord de la piscine, que de me débattre dans l’eau avec elle si aucun(e) de nous 2 ne sait nager.
L’empathie fonctionne en vase communicant avec l’auto-empathie (trait d’union entre soi et l’autre). Il s’agit d’accueillir avec bienveillance, sans nous juger, notre état émotionnel présent. Quand notre réservoir d’auto-empathie est vide, il est très difficile de pouvoir être empathique avec notre entourage. Nous sommes d’ailleurs souvent dans ce cas irritables, incapables d’écouter, d’être disponibles, voire même de réfléchir.
Par conséquent, suite à un événement auquel nous réagissons par des « émotions négatives », pratiquer la cohérence cardiaque ou la méthode RAIN suivie du processus d’auto-empathie permet d’accompagner le cycle de l’émotion vers l’état de détente (dernier stade), en diminuer progressivement l’intensité et la durée de vie.
Agrandir la carte mentale « émotions mode d’emploi »
« Les émotions tendent naturellement à s’imposer à nous, c’est sur leur influence que nous devons agir, et non sur leur présence qu’il faut apprendre à écouter » Christophe André
Comment vous comportez-vous quand tout va mal, quand vous n’obtenez pas ce que vous voulez, quand vous êtes stressé(e) ?
Si dans ces situations vous n’êtes pas conscient(e)s de vos émotions et réactions corporelles, vous êtes en mode pilote automatique (amygdale – circuit court).
Selon nos préférences comportementales, nous avons alors tendance à :
- Blâmer les autres
- Supplier et chercher à faire plaisir à tout le monde
- Détourner notre attention des problèmes émotionnels
- Devenir froid(e) / distant(e)
Par la pratique progressive et régulière d’exercices (cf carte mentale) en faveur de la conscience de soi, on arrive progressivement à surfer sur la vague de nos émotions, ne plus en avoir peur, pour les considérer comme des alliées. Bien que l’on dise « mort de peur » : une émotion ne tue pas 😉